Ma famille

70 ans plus tard : découverte de photos de famille

Dans la bibliothèque de ma grand-mère Paulette se trouve une boite en carton bleue qui contient des photos. Il y a essentiellement des clichés des années 50 et 60, mais aussi des images plus récentes, des années 90, et d’autres plus anciennes encore. Bref, c’est un peu le bazar. Sans compter que dans le même meuble se trouvent des albums, d’autres boites et plein de pochettes. Alors depuis quelques temps j’ai décidé de commencer à mettre de l’ordre dans tout ça.

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Trier les photos et les annoter est ainsi l’occasion de questionner ma grand-mère et d’écouter ses anecdotes. Je découvre plein de petits détails sur ma famille et les gens qu’ils ont connus.

J’ai commencé par les années 50, c’était le plus facile pour moi : le service militaire de mon grand-père Yves, le mariage de mes grands-parents et la naissance de leurs trois enfants. Ce sont donc des visages que je connais. Cependant, un jour, je découvre des photos de jeunes gens qui ne sont pas de la famille. Ma grand-mère me dit alors : «C’est Yves et Mado». Évidemment je m’empresse de lui demander plus de détails.

J’apprends alors que mon grand-père Yves était très ami avec un autre Yves, dès l’enfance. Ils habitaient d’ailleurs l’un en face de l’autre dans la même rue. Dans les années 50 ils ont tous les deux la vingtaine et rencontrent l’un Paulette, l’autre Mado. Et voilà que les deux amis passent à présent des moments à quatre, et se font notamment prendre en photos dans les rues de Toulouse. Après leur mariage respectifs en 1953 et 1954, ils ne se fréquentent plus vraiment. Puis les années passent.

Ma grand-mère pense qu’ils n’ont pas eu d’enfant et n’en sait pas plus. Cela suffit à attiser ma curiosité généalogique. Je me promets de chercher en rentrant chez moi, juste pour savoir. Puis, j’ai une petite idée derrière la tête… Je me dis que si nous avons des photos de ce couple d’amis, peut-être qu’eux ont des photos de mes grands-parents. Et avec un peu de chance, des photos qu’on ne connait pas.

Je retrouve facilement la famille proche de ce Yves : ses parents, deux petites sœurs et sa femme «Mado» qui était en fait «Madeleine». C’est par contre trop récent pour que d’éventuels enfants soient faciles à retrouver.
Alors je cherche dans les pages blanches pour appeler tous ceux qui portent le nom de cet ami Yves et habitent à Toulouse. Malheureusement, personne ne connait cette famille.
Deuxième étape : je fais pareil avec les noms de famille des maris de ses deux sœurs et mon premier appel est un succès !

Je dois d’abord expliquer ma démarche, qui est purement généalogique et «sentimentale», de la curiosité et un peu d’espoir pour des photos. Je cite tous les noms que j’ai identifié de leur côté, ceux de ma famille et bien sûr le lien d’amitié entre les deux. Par chance, je suis en train de discuter avec le neveu d’une des petites sœurs. Il prend mes coordonnées pour les transmettre à sa tante puis il ne me reste plus qu’à patienter et espérer qu’elle me contacte.

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Je n’ai à attendre que 30 minutes pour recevoir un sms, je vous laisse imaginer ma joie ! Le rendez-vous est pris pour une conversation téléphonique dans quelques jours. J’avoue que je ne pensais pas y arriver si facilement.

Et enfin, l’appel tant attendu.
Nous avons papoté une heure et demie ! Je ne peux pas tout vous raconter ici car ce sont parfois des éléments très personnels, pour nos deux familles. Mais j’ai été très touchée de voir que cette petite sœur, qui est aujourd’hui septuagénaire, se souvenait très bien de mes grands-parents et même de mes arrières-grands-parents. C’est toute une vie de quartier qu’elle m’a raconté et des souvenirs que j’ai pu croiser avec ceux de ma grand-mère.

Nous avons évoqué mon espoir de trouver des photos et nous avons terminé notre appel en nous engageant à nous envoyer chacune les photos que nous avions des quatre amis. Est-ce que j’allais en découvrir des inédites ? Au moins une ? De mon côté j’ai pu lui envoyer trois photos. Et patienter de nouveau.

Et enfin, 15 jours plus tard, je reçois le mail tant attendu.
Avec une belle surprise puisqu’il contient six photos que nous n’avons pas, six ! Plusieurs photos montrent ma grand-mère lors du mariage de Yves et Mado, alors qu’elle était persuadée de ne pas y être allé. J’avais donc d’autant plus hâte de lui en parler et de les lui montrer, elles allaient peut-être raviver sa mémoire. Les autres photos me permettent de découvrir d’autres tranches de vie de mes grands-parents, qui avaient tout juste 20 ans à cette période. L’une d’elle est datée de 1951 alors que nous sommes en 2021. Il aura donc fallu 70 ans pour qu’elle parvienne jusqu’à nous et trouve sa place parmi nos autres photos de famille, dans la boite en carton bleue, dans la bibliothèque.

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Le dimanche suivant je passe du temps à raconter tout cela à ma grand-mère. Je ne le lui avait pas dit, au cas où ma recherche n’aboutisse pas. Elle a été très surprise de ma «petite enquête». Et bien sûr, ravie de voir quelques photos et de savoir que quelqu’un se souvenait d’elle, de sa maman, de son mari et sa belle-famille, du caractère et des petites habitudes de chacun.
Par contre, elle ne se souviens toujours pas d’avoir été au mariage de ses amis Yves et Mado ! La mémoire est parfois bien mystérieuse. Mais grâce aux photos, nous savons.

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